Décryptage : Quand la situation géopolitique se tend

Une fracture, un détachement, la grande césure… Beaucoup de mots ont été utilisés pour décrire la rencontre à peine croyable, entre le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodimir Zelensky, ce vendredi 28 février. Vous n’avez pas pu la louper, des extraits ont tourné sur tous les réseaux sociaux.

Notre article à la base devait uniquement la résumer, mais les choses ont changé, elles ont bougé. Tout est allé très vite cette semaine, l’avez-vous remarqué ?

Retour sur la rencontre

Cette rencontre était à l’origine, censée déboucher sur un important accord entre les USA et l’Ukraine sur l’exploitation de minerai ukrainiens. Un signe d’apaisement entre les deux pays. Mais dans le Bureau Ovale, devant les caméras du monde entier, c’est une scène presque enfantine qui s’est déroulée. On y voit le président ukrainien Zelensky se faire sermonner par Donald Trump et son vice président J.D Vance, tel un enfant.

Avec des paroles dures, pas toujours vraies, Donald Trump a même haussé la voix, preuve de l’extrême tension dans la salle : « Vous vous êtes mis dans une très mauvaise position. Vous n'avez pas les cartes en main. […] Vous jouez avec la vie de millions de personnes. Vous jouez avec la Troisième Guerre mondiale ». 

Et **le vice-président ne l’a pas loupé non plus : « Avec tout le respect que je vous dois, je pense qu'il est irrespectueux de votre part de venir dans le Bureau ovale et d'essayer de plaider cette question devant les médias américains. […] Avez-vous seulement dit : Merci ? ».

Zelensky s’est en fait retrouvé coincé en 2 contre 1 par les américains. Il est resté, jusqu’au bout, courageusement calme. La rencontre s’est écourtée, annulant la conférence de Volodimir Zelensky et le dîner prévu avec Donald Trump. Le soir même, interviewé par Fox News, un média américain, Zelensky affirme **que sa relation avec Trump pouvait être « réparée ».

Qui a fait réagir le monde

S’enchaîne alors des dizaines de réactions dans le monde entier, la plupart en soutien à l’Ukraine, d’autres non :

Emmanuel Macron : « Il n’y a qu’un agresseur, la Russie" et un "peuple agressé l'Ukraine" ».

Annalena Baerbock : « L'Allemagne et nos alliés européens se tiennent unis aux côtés de l'Ukraine et contre l'agression russe. L'Ukraine peut compter sur le soutien indéfectible de l'Allemagne, de l'Europe et au-delà » a réagit la ministre des affaires étrangères allemande.

Ursula von der Leyen : « Nous continuerons à travailler avec vous pour une paix juste et durable«

Maria Zakharova : « Je pense que le plus gros mensonge de Zelensky, parmi tous ses mensonges, est sa déclaration à la Maison Blanche selon laquelle le régime de Kiev était seul en 2022, sans soutien. La façon dont Trump et Vance se sont contenus et n'ont pas giflé cette ordure relève du miracle de retenue » a écrit la porte parole de la diplomatie russe.

Viktor Orban : « Les hommes forts font la paix, les hommes faibles font la guerre. Aujourd'hui, le président Donald Trump a défendu courageusement la paix. Même si c'est dur à digérer pour beaucoup. Merci, M. le président ! », exprime le premier ministre hongrois.

Avec des conséquences géopolitiques

Certains pensent que la fin de la rencontre avait été préméditée par Trump, un peu comme pour se donner une raison d’arrêter de financer l’Ukraine. Ainsi, ce mardi 4 mars, Donald Trump a ordonné la suspension de l’aide militaire américaine à l'Ukraine de manière « temporaire ».

Un jour plus tôt, les États-Unis annonçaient suspendre les cyberopérations contre la Russie. C’est un éloignement de l’Ukraine et un rapprochement envers la Russie qui est en train de s’opérer. L’Europe et l’Ukraine perdent leur allié le plus puissant. Ainsi, ce lundi 3 mars, les principaux chefs d’État européens se sont retrouvés pour tenter de trouver une solution. Cette situation, laissant seule l’Europe en soutien à l’Ukraine, remet l’UE sur la scène internationale, lui donnant quelque peu d’importance et de poids.

Pour cette raison, la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé ce mardi 4 mars, un plan massif baptisé « réarmer l’Europe », qui met en jeu presque 800 milliards d’euros. Ce plan propose notamment d’assouplir les règles budgétaires et d’aider immédiatement l’Ukraine. Autrement dit, les États vont pouvoir s’endetter pour leurs armées sans être sanctionnés pour « excès » par l’Union Européenne.

L’idée est donc d’investir dans « La défense antiaérienne, les systèmes d’artilleries, les missiles, les munitions, les drones (etc…) ».

Ce plan doit encore être validé aujourd’hui à Bruxelles par les chefs d’état européens. Quoi qu’il en soit, réarmer l’Europe s’avère être très important, si elle devait se retrouver coincée entre les deux géants que sont les USA et la Russie.

Et en France

Dans ce contexte extrêmement tendu, le président, Emmanuel Macron est quelque peu relancé sur la scène internationale, et gagne un peu en popularité du fait des événements très spéciaux de ces derniers jours. Il a fait hier soir à 20h, une allocation télévisée censée parler du clash diplomatique entre Trump et Zelensky, de l’Ukraine et de ce fameux plan « réarmer l’Europe ».